Le projet est officiellement lancé !
En cette dernière semaine de novembre, avec Émilie, nous sommes allés le présenter aux 3 classes participantes : les 3eB du collège Les Garrigues de Rognes, les 4e3 du collège Jas de Bouffan d'Aix en Provence et les 5e6 du collège Joseph d’Arbaud de Salon de Provence.
Le projet a évolué par rapport à l'an dernier.
Il s'agit bien sûr toujours de réaliser en équipes (5 équipes maximum par classe) des récits filmiques en photos et en sons de moins de 5 minutes. Mais nous en avons changé un peu le déroulement pour mieux accompagner les classes et mettre encore plus l'accent sur la pratique.
Le thème n'est plus le même. Pour cette année, c'est celui de la relation entre l'humain et la nature, en lien avec celui de Manifesta "Traits d'Union".
Chaque équipe a pour consigne d’imaginer une histoire qui raconte un moment d'émerveillement, de surprise ou de peur face à un élément naturel. On entend par élément naturel tout ce qui est extérieur à l'humain et qu'il n'a pas fabriqué : la faune, la flore, les paysages, les phénomènes météorologiques ou telluriques, etc.
Nous les invitons à s’interroger sur ce que c’est que la nature pour eux. Où est-ce qu’ils la retrouvent dans leur environnement immédiat, là où ils vivent, dans le collège même, qui sont autant d’endroits que l’homme a modelé selon ses désirs et ses besoins ? Quelle importance a-t-elle dans leur vie ? Quelles histoires ça leur évoque ?
Nous leur proposons de faire un mouvement du réel à l’imaginaire (personnel, poétique, merveilleux). Nous voudrions qu’ils partent d’une réalité quotidienne pour montrer ce qu’eux seuls en voient, jusqu’à nous entraîner bien loin et, parfois, ne plus la reconnaître. Ils peuvent s’inspirer de situations qu’ils vivent, ont vécu ou rêvé. Ils peuvent aussi s’appuyer sur une histoire que quelqu’un leur a raconté.
Comme l'an dernier, pour ouvrir leur imaginaire, nous avons commencé par leur présenter un même corpus d’extraits de films pour les plonger dans le thème, leur faire découvrir des cinémas qu'ils ne connaissent pas, leur donner des idées, leur expliquer des principes de mise en scène ou de montage. C'était l'objet de cette première rencontre avec les classes !
Après leur avoir expliqué le thème et les objectifs du projet, nous avons donc transformé les classes en salles de cinéma temporaires et projeté la sélection que nous avions concoctée — onze extraits des films Bird People de Pascale Ferran, Ghost Dog : La Voie du samouraï de Jim Jarmusch, Si j’avais quatre Dromadaires de Chris Marker, La Vie aquatique de Wes Anderson, Kes de Ken Loach, La Féline de Jacques Tourneur, Le Magicien d'Oz de Victor Fleming, Avril d'Otar Iosseliani, Notre pain quotidien de Nikolaus Geyrhalter, Les Moissons du ciel de Terrence Malick et Your Name de Makoto Shinkai.
Certains font l'unanimité pour (Your Name, "parce que c'est un animé", "les paysages sont magnifiques", "c'est comme un rêve") ou contre (Si j’avais quatre Dromadaires, "trop bizarre", "on comprend rien"). Certaines réactions nous surprennent comme ce cri du coeur à propos du Magicien d'Oz : "C'est n'importe quoi !".
Mais tous conduisent à discuter : la vision radicale de l'industrie agro-alimentaire de Notre pain quotidien (où, dans toutes les classes, les poussins sont vus comme des "nuggets" avec un mélange d'amusement et de dégoût), la belle émotion de Kes (et comment un extrait donne l'intuition de la suite : "on sent que c'est leur dernier moment ensemble"), la puissance intacte de la scène de la piscine de La féline (qui nous permet de décortiquer comment faire naître de la tension, du suspense, avec une grande économie de moyen, des jeux de cadrage, de découpage, de lumière et de son), le décalage poétique d'Avril ("on sent que l'arbre souffre", "on a de l'empathie pour l'arbre", ce qui permet de parler du rapport entre son et image)...
Dans chaque classe, les 2 heures sont vite passées avec ces très riches échanges. On attend maintenant de voir quelles idées vont surgir !
Prochaine étape : la rencontre avec Boris qui va les initier concrètement à l'image et au son...
Emmanuel Roy
avec Émilie Allais